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En s’adressant à Claire Cauquil et Olivier Nevejans pour être artistes associés sur la saison 2016/2017, le Théâtre des mazades a fait le choix de mener un ensemble de réflexions et de propositions, communes, sur le territoire, le temps d’une saison culturelle, replaçant l’habitant ou l’usager du territoire au coeur de l’attention.

 

Être artiste associé à un Théâtre

Associer du latin associare – joindre, unir.

Dans la notion d’artiste associé, outre la proposition de compagnonnage artistique, il est question de réfléchir et de mettre en œuvre un projet de façon collective, dans un espace géographique donné, ici, celui du centre culturel des Mazades, autrement dit, à l’échelle d’un quartier inscrit dans une ville. Il nous apparait que l’enjeu majeur de cette association est la rencontre de l’artiste avec l’habitant du territoire, comme prétexte à la rencontre de l’Art. L’Art, en ce qu’il relie les gens, réunit les individus, les hommes et ainsi scelle le corps social, l’art par qui les hommes font société en autre place et lieu que les droits et les devoirs de chacun, l’art comme possibilité d’expérience du sentiment de l’universel, autour de sa part indicible. Voici le pari que nous posons. Favoriser l’accès au lieu de pensée qu’est le Théâtre, abolir ses frontières invisibles en sortant pour chacun de sa zone connue de confort, éveiller de part et d’autre nos curiosités, moteur du désir de connaissances, de savoirs, et ainsi susciter la rencontre, sont nos attentions premières.

Un autre des enjeux de cette collaboration est le processus lui même, humaniste et transversal : de quelle manière chacun participe et construit un commun, s’approprie et s’implique dans le projet, au regard de son essence, de son expérience, en conscience des enjeux qui lui sont propres: artistiques, sociaux, culturels, économiques, politiques…

Saisir les problématiques et les missions du centre culturel, appréhender la réalité des habitants et du quartier, en vue de créer la rencontre avec les artistes et les passerelles avec leur création, apparaissent comme objectif premier, afin de mener à bien cette mission d’artiste associé.

 

Être dans le réel et faire oeuvre

Ressources sensibles pour analyser des situations de transformations urbaines, sociales, politiques… les artistes ont un savoir-faire et des outils qui permettent d’entrer en relation et de nouer un dialogue singulier là où parfois, il n’existe rien. Regarder, observer, vivre le réel et trouver une forme de création in fine. Chaque personne est considérée là comme ressource pour le développement du projet. Elle ne participe pas seulement au « faire » mais elle devient partie prenante des règles communes qui donnent valeur publique au projet. Permettre à chacun de se reconnaître – initiateurs du projet compris – dans les termes et les modalités d’un projet pour avoir envie d’y prendre part et de se l’approprier.

Il apparaît essentiel de penser la continuité du projet créatif dans la durée, quels que soient les opérateurs sollicités, afin de donner sens à la démarche pour qu’elle s’inscrive en profondeur et en confiance sur le territoire.

« Je ne viens pas là pour changer les choses mais pour l’aventure de l’art, c’est-à-dire, pour faire sortir cette poésie que nous avons en nous. Si je me trouve confronté à des politiques culturelles ou urbanistiques c’est par effraction! J’ai néanmoins la prétention qu’on peut fabriquer la société autrement à travers des actes qui peuvent être considérés sans importance mais dont les effets peuvent être très profonds sur les individus et sur leur entourage. Pour autant, je ne mène pas de projets pour 2000 habitants sur une semaine, parce que ce qui m’intéresse c’est d’avoir le temps de travailler directement avec et à partir de la sensibilité des personnes, pas avec des objets ou des objectifs sociaux. »

Guy André Lagesse, plasticien et directeur artistique des Pas Perdus à Marseille